Le projet booktracking avance. Voulue de longue date par les éditeurs et les auteurs, cette solution de suivi des ventes de livres doit permettre dans un avenir proche d’accéder en quasi temps réel aux flux commerciaux en s’appuyant sur les données des sorties caisse des librairies françaises, mais aussi belges, luxembourgeoises et suisses. Les librairies indépendantes sont concernées, ainsi que les grandes enseignes culturelles de type Fnac, Cultura ou Espaces culturels E.Leclerc.
Le principe est que les données partagées soient mises à disposition, de manière anonyme, aux bénéficiaires (diffuseurs, distributeurs, éditeurs, ayants-droit) via un portail à accès sécurisé.
Une avancée significative s’est à ce titre produite début 2024 quand le réseau Fnac a fait son entrée au capital de la plateforme, entre-temps baptisée Fileas (pour Fil d’informations libraires, éditeurs et auteurs). En acceptant de partager ses données de vente pour les mêler à celles des librairies de premier et deuxième niveau adhérentes du Syndicat de la librairie française (SLF), la Fnac a considérablement amélioré les chances de Fileas de voir le jour dans un futur relativement proche. Seul bémol, jusqu’à récemment Amazon – dont on estime qu’il représente à lui seul 10 à 15 % des ventes de livres en France, n’a donné aucun signe allant dans le sens d’un partage de ses données.
Un projet porté par le SNE
À l’origine de Fileas, on retrouve le Syndicat national de l’édition (SNE). En avril 2024, l’organisme a d’ailleurs profité de la tenue du festival du livre de Paris pour présenter sa plateforme. Six mois plus tard, celle-ci n’a pas encore vu le jour, sa mise en service ne devant pas intervenir avant 2025.
Pour quelles fonctionnalités ? Selon le SNE, les données de remontées des caisses des détaillants seront indexées par une structure dédiée, entreprise à mission, après collecte et agrégation par le réseau interprofessionnel Dilicom, ce dernier figurant au capital de la société, tout comme l’organisation patronale du Cercle de la librairie et d’autres grands acteurs comme la Fnac.
Les applications sont nombreuses pour les utilisateurs même si Fileas n’a pas vocation à proposer une vue d’ensemble des ventes de livres : les auteurs bénéficieront par exemple d’un accès personnel et quotidien aux chiffres de vente de leurs propres ouvrages (papier, ebook, audiobook), mais uniquement de ceux-ci. Au nom du respect de la confidentialité des données, ils ne pourront pas consulter les données d’autres auteurs.
De la même manière, les éditeurs ne pourront pas visualiser les performances commerciales d’auteurs publiés chez des concurrents. L’intérêt n’est pas là, estime-t-on du côté des promoteurs de Fileas : selon eux la plateforme doit d’abord permettre aux éditeurs d’adapter leurs tirages et mises en place en réimprimant rapidement en fonction des évolutions du marché.
L’interprofession discute
Pour leur part, les associations représentatives d’auteurs ont mis en garde. Lors d’une table ronde organisée avec le SNE lors du festival du livre de Paris, la présidente du Conseil permanent des écrivains Séverine Weiss, citée par le média professionnel Livres Hebdo, a par exemple rappelé que les chiffres des ventes qui seraient révélés quotidiennement aux auteurs par Fileas « n’étaient pas voués à supplanter ceux des redditions de compte effectuées par les éditeurs ». Pour les auteurs, l’accès aux données permettrait surtout d’éviter les ruptures et les pilons sur stock.
Des discussions ont encore lieu au sein de l’interprofession. Les représentants des librairies – Fnac, SLF, mais aussi le Syndicat des distributeurs de loisirs culturels (SDLC) et l’Association des librairies informatisées et utilisatrices (Alire) demandent notamment un rééquilibrage au sein de la gouvernance de Fileas. Ils estiment que les éditeurs y sont actuellement en position de force. Au début de l’automne, ces discussions étaient toujours en cours.
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